L’effet de levier consiste à compléter la levée de fonds propres par la souscription d’emprunts, essentiellement auprès des banques privées ou publiques. Les actionnaires accroissent ainsi le financement de l’entreprise sans pour autant accroître leur dilution. Autrement dit, à rentabilité économique, l’effet de levier permet d’accroître la rentabilité financière de mes capitaux propres.
De ce fait, la rentabilité économique doit être supérieure au taux d’intérêt pratiqué par les prêteurs, sinon l’effet de levier appauvrit l’entreprise et ses actionnaires. Par ailleurs et dans la mesure où l’actionnaire est le bénéficiaire de la création de valeur en dernier ressort (une fois que les charges ont été payées, bien sûr, mais aussi que les emprunts ont été remboursés), cette technique revient de fait à concentrer le risque sur les actionnaires en contrepartie d’une meilleure rémunération de leur capital. « Il n’existe pas de repas gratuit »…
Petit exemple pratique, avec une société ayant besoin de 100€ de financement avec un objectif d’être revendue 150€ dans 1 an.
Sans effet de levier : les actionnaires investissent 100€, recoivent 150€ (hors fiscalité) dans 1 an, ce qui fait un TRI de 50%
Avec effet de levier : les actionnaires investissent 50€ et la société emprunte 50€. Lors de la cession sur les 150€ reçus il y en a 55€ qui servent à rembourser la banque et donc 95€ qui restent pour les actionnaires (hors fiscalité toujours). Ce qui fait un TRI de 90% (45/50).
Si l’entreprise ne tient pas ses prévisions, ce qui arrive parfois avec les startups, si sa rentabilité se dégrade ou devient négative, l’essentiel de la valeur est alors transféré vers les banquiers. On nomme parfois cela « l’effet massue », symétrique fort désagréable à l’effet de levier.
C’est d’ailleurs pour cette raison que les banques françaises n’acceptent que depuis quelques années de prêter aux startups. L’application de l’effet de levier à ces dernières est un jeu dangereux pour elles et requiert des compétences et des garanties en amont tout à fait particulières.
Enfin, la responsabilité des actionnaires étant limitée au capital investi, les banquiers plafonnent leur apport financier d'une part en fonction de leur évaluation du risque, et d’autre part en fonction du montant des fonds propres après levée de fonds. Le réglage par défaut, mais qui souffre d’exceptions nombreuses dans les deux sens, est « 1 pour 1 », autrement dit 1€ de capitaux propres permet d’aller chercher 1€ de dette.
A noter également que cette technique forme la base des montages dits LBO (Leverage Buy Out) souvent utilisés en capital-transmission.
Bref, l’effet de levier est une excellente technique d’optimisation financière, à manier avec précaution tant elle augmente la sensibilité aux aléas. La décision de l'utiliser en complément d'une levée de fonds en capital est une vraie décision stratégique.
Quelques questions à se poser :
Quel rapport dettes/capitaux propres est-il acceptable dans le secteur et au niveau de maturité de mon entreprise ?
Suis-je allé voir le département adapté de ma banque pour négocier une dette de levier ? Surtout suis-je allé voir la BPI ?
Mes actionnaires sont-ils conscients des conséquences financières et en termes de risques que la dette leur fait courir ? Est-ce que cet effet de levier a un impact sur ma valorisation ?
Ma société est-elle capable de rembourser la dette souscrite ? A quelle échéance ?
Cette définition a été rédigée dans le cadre du "Dico pratique de la levée de fonds" réalisé conjointement par Legal Insight, Rainmakers et MG Consulting. Entrepreneurs, retrouvez sur nos blogs les 99 mots essentiels pour vous préparer.
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