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  • Romain Dupuis

Les raisons pour lesquelles les PME veulent renforcer leurs fonds propres post confinement


La crise du coronavirus a durement impacté l’économie Française. Le gouvernement a soutenu les entreprises à l’aide de plusieurs dispositifs comme le PGE et le chômage partiel.


Les conséquences du confinement et des mesures prises vont se ressentir pendant plusieurs années. Il est primordial pour les entreprises encore en activité de continuer à investir et à se préparer à plusieurs scénarios nécessitant une augmentation de leurs fonds propres.


Nous avons perçu 5 raisons majeures pour lesquelles les dirigeants de PME nous contactent en ce moment pour organiser leur levée de fonds (en capital développement). Il existe évidemment bien d'avantage d'intérêts à renforcer ses fonds propres, mais ces motifs-là sont les plus saillants dans la situation économique actuelle des entreprises françaises. Et clairement certaines raisons sont totalement nouvelles par rapport aux motivations que les dirigeants nous exposaient avant la crise.


Toutefois est-ce que l'état du marché des investisseurs permettra de répondre à toutes ces motivations et ces recherches de financement ? C'est une question qu'on a aussi posé aux investisseurs.




1. Raison la plus citée : Sécuriser sa trésorerie pour pouvoir surmonter d’autres crises similaires


Lors d’une crise comme celle du covid-19, les entreprises ne disposant pas de trésorerie disponible ont vu leur chance de survie fortement diminuer. C'est un des enseignements majeurs de cette crise brutale et difficilement prévisible : "CASH IS KING". Les entreprises disposant de suffisamment de fonds propres ont généralement en permanence un matelas de trésorerie de sécurité qui permet d'amortir un tel choc.


Il y a 12 ans le monde entier a subi la crise des Subprimes, aujourd’hui celle du coronavirus. Entre les deux nous avons vécu plusieurs crises de moindre ampleur (dettes souveraines, crises sociales ou environnementales...). Nous ne pouvons prévoir la nature d’une crise mais il est certain que nous ne sommes pas en train de vivre la dernière. Il est nécessaire pour les entreprises de renforcer de nouveau leurs fonds propres pour sécuriser leur trésorerie en cas de nouvelle crise.


C'est d'autant plus vrai que les fonds propres des sociétés, même s'ils étaient soutenus ces dernières années par de meilleurs résultats, étaient souvent à un niveau insuffisant pour surmonter deux crises similaires rapprochées. On peut y voir différentes raisons :

  • Un environnement de taux bas depuis plusieurs années qui a poussé les dirigeants à privilégier l'endettement plutôt que le renforcement des fonds propres pour financer leurs investissements.

  • Une fiscalité sur les revenus du capitaux qui s'est améliorée récemment avec la flat tax, incitant les dirigeants à d'avantage distribuer des dividendes.

  • Des rentabilités qui s'étaient améliorées depuis 2017 mais pas suffisamment pour combler le retard pris à cause des différentes crises économiques des 12 dernières années.


2. Être prêt pour les opportunités d’acquisition qui vont arriver fin 2020 & 2021


Lors de la consolidation d’un marché, seules les entreprises les plus solides financièrement sortent leur épingle du jeu. Pour rappel, la consolidation d’un marché correspond à une phase de stabilisation de celui-ci après une forte variation, baisse ou hausse de l’activité.

Les périodes d’après-crise sont typiquement des périodes de consolidation des marchés. Les entreprises en difficulté financière se voient disparaître ou se faire racheter à un prix désavantageux par les entreprises en bonne situation financière.


Une partie de ces entreprises en difficulté ont été maintenues sous perfusion ces dernières semaines par les dispositifs de soutien mis en place par l'Etat, elles pourraient arriver sur le marché des opportunités "à reprendre" d'ici 6 à 18 mois.


Augmenter ses fonds propres après une période de crise c’est se donner l’opportunité de gagner des parts de marché en rachetant des concurrents. Les dirigeants expérimentés préparent cette phase.


Et cette stratégie est cohérente avec une phase de levée de fonds. Les investisseurs en fonds propres (fonds d'investissements, business angels...) apprécient particulièrement d'intervenir pour des financements de croissance externe. En effet la croissance externe est une des stratégies de développement ayant le meilleur rapport rapidité / risque. Les investisseurs sont donc attentifs aux dossiers d'entreprises pouvant mener une consolidation.




3. Faire face au plan de remboursement de son PGE


Pour faire face à cette crise, une enveloppe de 300 milliards d’euros de garanties publiques a été prévue sur l’année 2020. Cette garantie concerne jusqu'à 90% des prêts (Prêts Garantis par l'Etat, ou PGE) qui ont été alloués pour financer le cycle d'exploitation des entreprises. Le montant du PGE peut représenter jusqu’à 3 mois de chiffre d’affaires ou deux années de masse salariale. Le PGE est pour l'instant un prêt sur un an. Les dirigeants auront le choix, 8 à 11 mois après la souscription de leur PGE, d'étaler le remboursement sur une durée pouvant aller jusqu'à 5 ans supplémentaires. De nombreuses PME française ont donc souscrit cet emprunt dans ces conditions, avec des taux très bas. Nous-même avons monté de nombreux dossiers de PGE dans lesquels le plafond (25% du CA annuel) a été atteint.


Cette dette devra être remboursée. Or après quelques semaines de dé-confinement on voit que la reprise de l’activité économique se fera de manière progressive et que les marges opérationnelles vont très certainement être réduites. En conséquence, les rentabilités des prochains mois / prochaines années seront sans doute insuffisantes pour faire face au remboursement du PGE même avec un étalement sur la durée maximale (5 ans).


De nombreux dirigeants se demandent encore comment ils feront pour rembourser leur PGE. Ils voient donc la levée de fonds comme un début de réponse.


Une entreprise disposant de fonds propres suffisants remboursera plus facilement son emprunt. Attention un investisseur acceptera rarement que son apport serve uniquement au remboursement du PGE. Toutefois une partie des fonds amenés par l'investisseur peuvent être consacrés à ce remboursement à partir du moment où il y a d'autres projets de développement prévus (croissance externe, investissement dans les outils de production, internationalisation, innovation...). En effet pour justifier l'arrivée (et surtout la sortie) d'un investisseur il faut qu'il y ait un projet de création de valeur.



4. Rééquilibrer son bilan sur le ratio d’endettement


Le ratio d’endettement, correspondant au rapport entre la dette nette et les capitaux propres, permet d’évaluer le niveau d’endettement d’une société. La Banque de France analyse qu'en moyenne les PME avaient un ratio d'endettement de 76% en 2018 (soit 76€ d'endettement financier pour 100€ de capitaux propres) .

Bulletin de la Banque de France, jan-fév 2020 : "Les PME présentent le ratio de levier brut le plus faible (76% en 2018), bien en deçà des ETI (101%) et des GE (115%)."

On peut considérer que ce ratio devient préoccupant quand il dépasse 2 ou 3 selon les secteurs.


Malgré les garde-fous mis par les banques dans leurs octrois de PGE, combien d'entreprises ont dépassé ces coefficients de 2 ou 3 ?

Un mauvais ratio d’endettement limite la marge de manœuvre et de développement d’une entreprise. Augmenter ses fonds propres va permettre à l’entreprise de réduire son ratio d’endettement. Ainsi l'entreprise peut soit revenir durablement vers un ratio supportable soit se donner l'opportunité de solliciter de nouveaux emprunts en cas de projet d'investissement.


Une conséquence indirecte d'un mauvais ratio d'endettement sera une dégradation de la note Banque de France (idem pour toutes les notes des analystes crédits) de l'entreprise. Certains dirigeants le déplorent déjà ! Cette dégradation de note peut engendrer des difficultés supplémentaires sur la trésorerie de la société, puisqu'elle peut faire réduire les lignes bancaires court terme, diminuer les crédits fournisseurs ou limiter les capacités de faire appel à de l'affacturage.



5. Avoir des associés engagés à leurs côtés pour prendre de façon réactive les bonnes décisions


De nombreux dirigeants ont vécu cette crise en étant seuls à la barre de leur société. Ils nous confient souvent ne plus vouloir revivre de telles crises dans les mêmes conditions.


En général quand un entrepreneur ouvre son capital à des actionnaires, il cherche non seulement des financements mais surtout un moyen de contre-pouvoir et de pouvoir sortir de la solitude du dirigeant.


Les gérants des fonds d'investissements, de même que les Business Angels les plus avertis, ont l'avantage d'avoir généralement un large portefeuille de participations et de très bonnes expériences / expertises personnelles. Ils peuvent donc faire bénéficier de leur propre expérience ou bien de l'expérience de leurs autres participations, afin de connaitre les bonnes pratiques dans ces situations de crise.


Cette recherche d'associés expérimentés et engagés, ce souhait de rejoindre un "club", étaient déjà une des tendances des levées de fonds avant le confinement. La tendance a simplement été accentuée par cette période d'introspection qui nous a été imposée ces dernières semaines.



Mais côté investisseurs, est-ce que les tendances sont bonnes ?


Devant ces multiples sollicitations de la part des chefs d'entreprise, on pourrait se demander si les investisseurs pourront suivre le mouvement.


Les premières annonces "macro" sur l'état des stocks de financements disponibles sont rassurantes.

Selon Nicolas Dufourcq, président de la BPI, ce ne sont pas moins de 17 milliards d’euros de financement qui sont disponibles chez les investisseurs.

Est-ce que ces stocks seront libérés avant ceux des masques, c'est là que le suspense commence...


A notre niveau nous avons repris contact avec de nombreux Business Angels et fonds d'investissements ces derniers jours pour voir leur propre tendance. Nous avons eu la bonne surprise de constater qu'une majorité continuent leurs analyses de dossiers et que certains maintiennent les mêmes objectifs d'investissement sur l'année qu'avant la crise. Les bons dossiers de PME en capital développement ont donc encore quelques beaux jours devant eux.


 

Renforcer ses fonds propres est un projet qui nécessite plusieurs mois pour préparer l'entreprise, formaliser le dossier, trouver les bons investisseurs et finaliser l'opération. Contactez-nous directement ci-dessous si vous souhaitez avoir d'avantage d'information sur cette démarche.









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